Développement des cellules cancéreuses
Notre organisme est en équilibre permanent : des cellules meurent, d’autres les remplacent, des tissus lésés se régénèrent. Tout cela fonctionne grâce à des réseaux de signalisation complexes qui assurent que : Développement des cancers
- chaque cellule de l’organisme reçoive des messages clairs sur ce qu’elle doit faire à tout moment.
Les cellules ont la capacité de se diviser, pour assurer la croissance et la régénération de l’organisme. Mais cette fonction est extrêmement contrôlée par des systèmes internes à chaque cellule pour assurer que:
- chaque organe conserve la quantité de cellules nécessaire, pas plus, pas moins.
Les tumeurs cancéreuses sont le fait de cellules qui se divisent et donc prolifèrent sans arrêt car elles ont échappé aux mécanismes de contrôle et ne sont plus réceptives aux signaux de leur environnement. Elles sont redevenues autonomes et se développent en détruisant les tissus sains qui les entourent. Selon l’endroit où elles se trouvent, les symptômes peuvent apparaitre plus ou moins rapidement et peuvent être très différents : la tumeur peut obstruer une voie naturelle, une bronche par exemple et entraîner une toux ; elle peut créer une brèche dans des vaisseaux sanguins et entraîner une hémorragie.
Les cellules de notre organisme sont pour la plupart des cellules dites différenciées. Elles ne peuvent pas tout faire, elles ont un nombre de fonctions limitées, ce sont des spécialistes en quelque sorte. Ainsi, une cellule de glande mammaire produit du lait, une cellule immunitaire assure la défense de l’organisme en patrouillant dans les différents tissus.
Les cellules cancéreuses perdent cette spécialisation, elles développent des capacités habituellement dévolues à d’autres cellules. Par exemple une cellule de cancer du sein pourra, comme le ferait un globule blanc, se déplacer dans le sang. C’est comme cela qu’une tumeur se développera ailleurs que là où elle a pris naissance, formant une métastase. La multiplication de ces tumeurs, leurs actions délétères au fonctionnement des différents organes vont expliquer les symptômes multiples et simultanés et comment, en partant d’une cellule qui prolifère, on développe une maladie qui peut mettre la vie d’une personne en danger.
Apparition de la première cellule cancéreuse
Chacune de nos cellules contient notre ADN, véritable carte d’identité biologique ou plan de construction de notre organisme. Il se compose de gènes qui codent toutes les fonctions et propriétés de la cellule. Mais cet ADN si important peut-être corrompu par des mutations spontanées ou des mutations dues à des toxiques. Les mutations spontanées peuvent être le fait d’erreurs dans le fonctionnement de la machinerie cellulaire, par exemple lorsque l’ADN est dupliqué pour permettre à la cellule de se diviser en deux cellules filles.
Lorsqu’une personne consomme du tabac ou de l’alcool par exemple, les toxiques contenus vont directement entrainer des lésions de l’ADN.
Plus il y a de mutations, plus les cellules deviennent anormales, on parle parfois de cellules dysplasiques ou pré-cancéreuses. A ce stade, le plus souvent il est encore possible d’éviter la maladie. Des mécanismes de régulation peuvent nous défendre : systèmes de réparation de l’ADN ou suicide cellulaire aussi appelé apoptose.
Lorsque ces mécanismes sont dépassés, une cellule cancéreuse peut survivre. Elle va continuer d’accumuler des mutations et se diviser sans limite, il n’y a plus une mais des cellules cancéreuses. Leur croissance est anarchique et elles réussissent à détourner leur environnement à leur profit. Le système immunitaire peut détruire les cellules cancéreuses. Malheureusement, il arrive régulièrement que certaines se dissimulent et échappent à l’action des cellules immunitaires. Le cancer est là et va se développer. Il faudra un traitement pour stopper sa course.
Au final, tout est question de probabilité : les mutations sont des évènements rares. C’est pourquoi le cancer se développe souvent tardivement dans la vie. La probabilité qu’une mutation pouvant conduire à un cancer survienne et que tout le processus suive son cours jusqu’au développement d’un cancer est rare. Peu de cellules cancéreuses échapperont aux mécanismes de contrôle ou aux cellules immunitaires. Mais si l’on augmente le nombre de mutation on augmente de façon importante le risque que l’organisme soit dépassé et qu’un cancer apparaisse. C’est pourquoi les comportements à risque augmentent non seulement la fréquence de survenue des cancers mais aussi parfois leur survenue plus précoce dans la vie.
Pourquoi certains cancers sont dits héréditaires ?
Le plus souvent une seule mutation ne suffit pas à déclencher un cancer. Il faut une série de mutations successives dans la même cellule. Si un parent transmet un gène muté à sa descendance, cela veut dire que ses enfants seront porteurs de cette mutation dans toutes les cellules de leur organisme. C’est encore une question de probabilité. On a plus de chance de gagner au loto si on a déjà la moitié des bons numéros. De la même façon, il y a plus de risque de développer un cancer et de le développer très tôt dans la vie si une partie du processus de cancérisation est déjà réalisée dès la naissance et dans tout l’organisme.
Ce mécanisme est tout particulièrement propice au développement de cancers lorsque la mutation en question rend inactif un système de contrôle cellulaire en charge de surveiller l’intégrité de l’ADN. Ce matériel génétique précieux n’est plus réparé et accumule des mutations spontanées, conduisant au développement de cellules cancéreuses de façon fréquente, trop fréquente pour que les autres mécanismes de contrôle ou le système immunitaire ne soient pas dépassés.
Conclusion
Le cancer se développe à partir d’un événement cellulaire qui vient bouleverser l’équilibre entre destruction et renouvellement cellulaire. Il est important de comprendre que cet évènement rare a beaucoup plus de risques de survenir si nous exposons notre organisme à des toxiques. C’était le slogan d’une campagne de prévention il y a quelques années : « Savoir, c’est pouvoir agir », et bien maintenant vous savez et vous pouvez donc agir pour réduire votre risque de cancer et celui de vos proches.
Références bibliographiques :
Yves-Jean BIGNON et Mathias Cavaille. Cancérogenèse. La revue du praticien 2017 : 67(6):e270
C Mongaret et al. Cancérogenèse et maladie cancéreuse. Pharmacie clinique pratique en oncologie, Partie II chapitre 4, Masson 2020.
