23 mars 2022
L'indisponibilité des médicaments d'intérêt thérapeutique majeur (MITM) ou « essentiels » peut entrainer un problème de santé publique majeur pour les patients traités en France (mise en jeu du pronostic vital – perte de chance importante).
En 2020, l'ANSM a enregistré 2446 signalements de ruptures de stock et de risque de ruptures de stock. Entre 5 et 10% de ces signalements nécessitent la mise en place de mesures de réduction de l'impact de la tension d'approvisionnement pour les patients.
La prise de conscience des risques encourus pour la population s'est déjà traduite par un certain nombre d'initiatives. C'est dans ce contexte que la sécurisation de l'accès à ces médicaments a été renforcée par le décret n° 2021-349 entré en vigueur le 1er septembre 2021.
Ce décret prévoit notamment le stockage d'unités de produit fini prêtes à être distribuées sur le territoire français et permettant de couvrir les besoins pour une certaine durée. Les besoins sont définis sur la base des volumes de ventes en France au cours des douze derniers mois glissants.
Tout titulaire d'autorisation de mise sur le marché et toute entreprise pharmaceutique exploitant un médicament en France doit constituer un stock de sécurité destiné au marché national selon les modalités définies dans l'article R. 5124-49-4 du code de la santé publique.
Pour effectuer cette demande, un formulaire est disponible sur le site de l'ANSM. Une absence de réponse de l'ANSM pendant plus de deux mois à compter de la présentation d'une demande de modification du seuil du stock de sécurité vaut décision de rejet. La liste des médicaments faisant l'objet de ces conditions est également disponible sur le site de l'ANSM et mise à jour régulièrement.
Selon le même décret, les titulaires et exploitants de MITM commercialisés en France sont dans l'obligation d'élaborer des plans de gestion des pénuries (PGP). Ces PGP sont à rédiger en accord avec les lignes directrices publiées par l'ANSM. Ils sont à adresser chaque année à l'ANSM (par voie électronique du 1er au 31 décembre) ainsi qu'en cas de signalement de rupture ou de risque de rupture d'un MITM. Ils comprennent des informations sur le médicament concerné, une analyse des risques de rupture de stock ainsi que les moyens mis en œuvre pour lutter contre ces risques. Il est à noter que la mise en place du stock de sécurité fait partie de la liste des moyens à mettre en œuvre. Enfin, il contient les mesures prévues en cas de risque de rupture ou de rupture avérée comme le contingentement du stock résiduel.
Dans le cadre de l'application de ces nouvelles mesures par les industriels, il leur est primordial de comprendre la notion de médicaments d'intérêt thérapeutique majeur et les enjeux associés notamment quant à la mise en place de stocks de sécurité. Il apparait également indispensable que les laboratoires soient en capacité de conduire une analyse de risque au sein de l'entreprise, et ce, afin de mettre en place les PGP et de rédiger des procédures internes de gestion des ruptures et des risques de rupture avec l'ANSM.
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« [DPC] Ruptures de stocks MITM et tensions d'approvisionnement : prévention et gestion »
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