29 mai 2024
L'essai de phase III est par définition : Non-infériorité
Ses objectifs peuvent être soit :
Est de tester l'hypothèse que le traitement expérimental est supérieur au traitement de référence ou au placebo. Sur la base d'un objectif cliniquement pertinent, et qui se traduit par un critère de jugement principal.
La planification d'un essai de supériorité nécessite la définition d'une différence minimale d'efficacité que l'on veut mettre en évidence. Ce delta intervient dans le calcul du nombre de sujets nécessaires pour réaliser l'étude. De même que la puissance statistique, qui est la capacité de l'essai à mettre en évidence une différence.
Ensuite, à l'issue de l'essai, les chercheurs réaliseront un test statistique selon le principe de l'inférence fréquentiste. Pour caractériser la vraisemblance statistique de la différence observée entre :
Ce test statistique s'appuie sur le calcul de la probabilité que la différence observée puisse être due au hasard :
La p-value, attachée à un échantillon particulier de l'étude, représente la probabilité d'observer une différence entre les deux groupes comparés, même si le traitement expérimental n'était pas plus actif qu'un placebo. Les chercheurs la confrontent à la valeur seuil du risque alpha, fixée avant la réalisation de l'essai ; ainsi, si « p » est inférieur à 5 %, ils concluent qu'il est peu probable que la différence constatée soit due au hasard et parlent alors de différence statistiquement significative.
L'idée est ici de démontrer qu'un nouveau traitement ferait « tout aussi bien » que le traitement de référence, tout en étant plus avantageux dans une autre dimension du bénéfice thérapeutique.
Tout d'abord, il n'est pas possible statistiquement de démontrer que deux traitements soient équivalents en termes d'efficacité. Si l'équivalence est l'absence de différence, l'hypothèse nulle à rejeter se caractérise par l'existence d'une différence, qui peut prendre une infinité de valeurs. Il est dès lors impossible de calculer la probabilité d'obtenir la valeur observée sous l'hypothèse nulle (la p-value).
De fait, la solution est la recherche d'une équivalence relative, c'est-à-dire montrer que les 2 traitements ont une efficacité proche, la différence restant inférieure à un seuil fixé a priori. Ce seuil traduit la quantité d'efficacité que l'on peut accepter de perdre pour conclure que le nouveau traitement n'est pas inférieur au traitement de référence, et est appelé « Marge » de non-infériorité.
Après avoir calculé la différence observée entre les 2 traitements comparés, on va estimer l'IC à 95% de cette différence ; puis on va comparer la borne supérieure de l'IC de cette différence d'efficacité avec le seuil de non-infériorité M préalablement défini.
Elles résident principalement dans la définition et la signification de la marge de non-infériorité. Il y a souvent une part d'arbitraire dans ce choix, qui doit être réalisé après une étude exhaustive de la littérature, notamment de méta-analyses si elles existent, pour définir une marge « cliniquement négligeable ». Cet exercice peut être compliqué à faire, notamment en cancérologie. Cette marge doit également être définie pour ne pas perdre l'avancée thérapeutique représentée par le traitement de référence.
A noter que dans un essai de non-infériorité, la signification statistique du résultat dépend étroitement de la limite de non-infériorité choisie (et ce contrairement à l'essai de supériorité) ! Avec les mêmes données, le test pourra être significatif ou non-significatif en fonction de M : significatif avec une limite très tolérante, ou non-significatif avec une limite plus stricte.
Enfin, le nombre de sujet nécessaire est en général beaucoup plus important que dans un essai de supériorité, souvent supérieur à 1 000.
Références bibliographiques :
Auteur
David PEROL
Directeur de la recherche clinique
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