Comment assure-t-on la sécurité des patients consommant des médicaments ?
La PV est une science qui permet d’assurer l’évaluation, la prévention, la surveillance, et la gestion du risque de voir survenir un effet indésirable, qui résulterait de la prise de médicaments.
Elle permet donc de mieux connaitre les risques d’un médicament.
Le processus de PV est un processus continu, et les objectifs du système de PV sont :
- d’identifier des risques pour le patient, risques non détectés lors de la phase de pré-autorisation de mise sur le marché,
- également d’étudier sa tolérance dans le cadre d’une prescription chez un patient non sélectionné selon certains critères d’étude clinique, donc lors de l’exposition du patient dans des conditions réelles, non encadrées par un protocole d’essais clinique,
- Aussi, on affine les risques médicamenteux qui sont déjà connus.
- et mettre en place des mesures de minimisation de ce risque patient (une prescription plus encadrée).
Comment le système de PV s’organise-t-il pour atteindre ces objectifs ?
On a établi des règles strictes pour :
- les professionnels de santé,
- les entreprises ou les organismes qui exploitent les médicaments, donc les commercialisent.
Les associations de patients sont également au courant de ces règles.
On met en place ces règles dans la plupart des pays du monde. Et en France, l’ANSM contribue à cette surveillance et assure que ces règles sont suivies.
Une spécificité française est la présence sur le territoire, de Centre Régionaux de PV (CRPV). Cette structure opérationnelle française est en place depuis 50 ans. Il existe actuellement 31 CRPV répartis sur le territoire national. Ce qui favorise la proximité avec les PDS et les patients. Ces CRPV, sont en charge de recueillir et analyser les déclarations d’effets indésirables, causés par les médicaments, auprès des patients et des professionnels de santé. Ces CRPVs reçoivent plusieurs milliers de déclarations par an.
Les différents acteurs de la PV en France
Si l’on considère le schéma français, pour le circuit PV avec ses acteurs :
- il démarre avec la survenue d’un évènement chez le patient suite à la prise d’un médicament.
Le patient informe un professionnel de santé ou directement le laboratoire pharmaceutique concerné.
Le niveau supérieur est le niveau régional avec le CRPV qui va évaluer, analyser, effectuer des alertes de sécurité comme nous l’avons vu. Les informations sont remontées au niveau national, donc à l’ANSM, où le comité technique de PV va effectuer une analyse des signaux, procéder le cas échéant à des enquêtes complémentaires et assurer le suivi.
L’ANSM en tant qu’Agence française va interagir en permanence avec l’EMA, donc agence, du médicament afin de collaborer au suivi de PV au niveau Européen, et également avec l’OMS qui possède sa propre base de PV.
Si l’on revient au niveau du laboratoire pharmaceutique, il interagit avec patients et notificateurs, CRPVs, ANSM et EMA.
Les rôles de l’ANSM dans la PV
En France, au niveau des Autorités de santé, nous avons l’ANSM, qui va, à son niveau :
- évaluer le Bénéfice/Risque des médicaments,
- identifier de nouveaux effets indésirables,
- suivre avec le laboratoire les modifications des notices des médicaments avec peut-être de nouvelles précautions d’emploi ou des contre-indications au médicament,
- contrôler les prescriptions et les restrictions d’utilisation,
- voire apporter des arguments en faveur de retraits de médicaments du marché,
- gérer la base de données PV nationale qui contient les notifications d’effets indésirables.
L’ANSM maintient une relation constante avec les instances européennes, notamment l’EMA (European Medicines Agency) créée en 1995 pour rationaliser le système de PV en Europe.
L’ANSM réalise également des inspections de Pharmacovigilance afin de vérifier la conformité des processus PV que ce soit au niveau filiale ou maison-mère des laboratoires.
On effectue certaines inspections à la demande de l’EMA.
Les responsabilités d’un service de PV, que ce soit au niveau d’un CRPV, d’un laboratoire pharmaceutique ou de l’ANSM
Le CRPV recueille et analyse les notifications d’effets indésirables des médicaments ou les erreurs médicamenteuses transmises par les professionnels de santé, les patients, et les associations de patients. Et transmet ces effets indésirables à l’ANSM, par le biais de la base nationale de PV (la BNPV).
Il répond également à des questions relatives au bon usage du médicament, leurs effets indésirables, et leurs possibles interactions avec d’autres médicaments, des aliments, des plantes, des compléments alimentaires.
Les services de PV des laboratoires pharmaceutiques sont également susceptibles, de recevoir des notifications d’effets indésirables par divers circuits :
- directement des patients ou des professionnels de santé, qui sont en France, médecins, chirurgiens-dentistes, sage-femmes ou pharmaciens.
- par leur service d’information médicale,
- par leurs visiteurs médicaux en ville ou hospitaliers.
Les experts du service PV des laboratoires pharmaceutiques les analysent, les répertorient et ces effets indésirables sont communiqués par le laboratoire dans une base de données Européenne, EudraVigilance, accessible à l’ANSM qui peut ainsi ajuster sa base de données de PV française.
Toutes ces entités travaillent ensemble dans le but d’identifier, de confirmer des signaux de sécurité qui pourraient modifier le rapport Bénéfice/Risque des médicaments et seraient donc à risque pour les patients.
Comment ces évènements indésirables doivent –ils être déclarés ?
Depuis mars 2017 en France, le portail de signalement des effets indésirables est à disposition de toute personne, souhaitant effectuer une déclaration par voie électronique, sur le site « signalement-sante.gouv.fr ». Il est également possible de contacter votre CRPV par téléphone ou par courrier.
Également des formulaires de déclaration sont accessibles sur le site de l’ANSM. Ces formulaires sont parfois très spécifiques, fonction des problématiques d’actualité, par exemple, la déclaration des troubles menstruels apparus après la vaccination Covid-19.
Il est également possible de contacter directement le laboratoire pharmaceutique, qui commercialise le médicament.
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Que doit-on déclarer exactement ? PV
Tout effet indésirable susceptible d’être causé par un médicament, grave ou non, listé ou non dans le résumé des caractéristiques du produit (RCP, qui est une donnée publique consultable) et sur la notice patient. Ceci dans les conditions d’utilisation conforme ou non conforme aux termes de l’autorisation de mise sur le marché du médicament.
Il faut également notifier toute erreur médicamenteuse même si un effet indésirable n’est pas apparu, par exemple une erreur de dosage, une confusion avec un autre médicament…
Si on se réfère aux Bonne Pratique de PV française sont concernés, les effets indésirables résultant de :
- surdosage ;
- mésusage ou d’un usage détourné ;
- abus ;
- erreur médicamenteuse (non intentionnelle) ;
- exposition professionnelle ;
- interaction médicamenteuse ;
- défaut de qualité d’un médicament ou de médicaments falsifiés ;
- exposition en cours de grossesse qu’elle soit maternelle, ou génération précédente, ou via le sperme ;
- une exposition paternelle (altération potentielle des spermatozoïdes) ;
- exposition au cours de l’allaitement.
Toute suspicion d’inefficacité thérapeutique, partielle ou totale. Toute suspicion de transmission d’agent infectieux liée à un médicament.
TITRE
Afin de traiter le dossier complet d’une notification et que l’information sécurité soit valide, 4 éléments sont indispensables :
- un patient identifiable,
- un notificateur identifiable,
- un ou des médicaments suspects et
- la nature, du ou des effets indésirables causés.
Bien évidement si un des 4 éléments est manquant, le laboratoire doit apporter la preuve, qu’il a effectué des suivis pour récupérer l’information, et, quoiqu’il en soit, conserve ce cas incomplet dans son analyse de signal.
Les délais de notification dans Eudravigilance par le laboratoire sont fixés à partir de la date de connaissance de l’effet indésirable, soit, sans délai et au plus tard 15 jours pour un effet grave, et 90 jours, s’il est non grave.
Conclusion
Le système de Pharmacovigilance implique donc différents acteurs, et si l’on prend l’Europe nous avons, depuis la base, les patients eux-mêmes et les professionnels de santé, les laboratoires qui commercialisent les médicaments, et, pour la France plus spécifiquement, les CRPV et l’ANSM. Afin de garantir la sécurité du patient il est capital que toutes ces entités communiquent dans des délais pré établis selon des étapes bien codifiées.
Références bibliographiques :
CRPV Lyon Marina ATZENHOFFER, site internet LEEM, BPPV France version Mai 2023